L’absence d’Alejandro Tabilo, ATP 27, et, plus surprenante puisqu’il est à Hasselt, de Nicolas Jarry, ATP 38, pourrait donner l’impression que l’affaire est faite et qu’il ne fait aucun doute que l’équipe belge sortira lauréate de ce match de qualifiers face aux Chiliens.
Il est pourtant important de ne pas s’enthousiasmer et, pour ce faire, il suffit de se plonger dans la récente histoire belge en Coupe Davis.
Premier exemple.
Il y a un an et demi, ici-même à Hasselt, David Goffin était présent (il s’agit d’ailleurs de sa dernière apparition dans la formation belge) et les Belges étaient largement favoris sur papier face à l’Uzbekistan. David finira par déclarer forfait. Mais, même en l’absence de ce dernier, la Belgique de De Loore, Coppejans et de la paire Vliegen/Gille restait, aux yeux de tous, largement au-dessus de leurs adversaires. Il est vrai que le premier Uzbek, Khumoyun Sultanov, n’était « que » 236eme mondial.
Ce dernier a pourtant battu Kimmer Coppejans et, dimanche, à 1-1, notre paire de double a mis trois sets pour se défaire de ses adversaires.
La Belgique s’était finalement imposée, mais non sans mal.
Remontons un peu plus loin. En 2019, la Belgique s’envole pour le Brésil avec une équipe qui semblait bien inférieure, sur le papier, à celle des Sud-Américains. Thiago Monteiro battra tout d’abord Arthur De Greef avant un retournement de situation incroyable: Kimmer Coppejans remportera en effet ses deux simples et la paire Vliegen/Gille prendra la mesure de Melo et Soares.
On remonte encore un peu.
2017. Premier tour face à l’équipe allemande des frères Zvererv. Privé de David Goffin, les Belges ne sont pas favoris. Mais Mister Coupe Davis offrira deux points de malade en simple (7-6 au 5e face à Kohlschreiber) et 4 sets face à Alexander Zverev qui était déjà numéro 2 mondial!
Le double composé de Joris De Loore et Ruben Bememans avait quant à lui battu les deux frérots Zverev en… 5 sets.
Allez, je reviens un peu plus près de nous.
A Bologne, en septembre dernier. La Belgique bat les Pays-Bas avant de s’incliner logiquement face aux Italiens. Logiquement mais non sans être passé pas très loin de la victoire (Blockx s’incline 7-5 au dernier contre Berrettini) et le double ne perd que 7-6 7-5 face à Bolelli et Vavassori.
Contre le Brésil – encore – qui, sur papier, pouvait sembler à notre portée, les Belges se sont inclinés de justesse. Collignon perd en trois sets contre Fonseca, Bergs, toujours en trois sets face à Monteiro. Il s’en est donc fallu de très peu pour que l’équipe de Darcis se qualifie pour Malaga.
Ce sont les Pays-Bas qui se sont néanmoins qualifiés, se hissant même en finale de l’édition 2024 (défaite face à… lItalie).
Suis-je pour autant pessimiste?
Non, vraiment pas. Mon propos n’est pas d’être pessimiste ou optimiste. Les chances belges de battre les Chiliens sont évidemment bien réelles et elles ont augmenté avec la non présence ce samedi de Nicolas Jarry.
Mais il faut néanmoins se méfier de ces joueurs coachés par un Nicolas Massu qui n’a rien à envier, en termes d’expérience, à Steve Darcis.
« Depuis que je suis capitaine, dira d’ailleurs le double champion olympique, je sais que tout peut se produire en Coupe Davis. Dès quils arrivent dans l’équipe, je dis à tous les joueurs – TOUS les joueurs – qu’ils doivent se donner à fond à tous les entraînements car on ne sait jamais ce qui peut se passer. Tomas (Barrios) n’est donc pas surpris de se retrouver sur le terrain ce samedi. »
Un Tomas Barrios Vera peu connu du grand public mais qui vient de se hisser en finale d’un challenger. Certes, il s’agissait d’un tournoi sur terre battue mais ce résultat démontre qu’il est en plein confiance, tout comme Alexander Blockx, lauréat à Oeiras. Alexander qui défiera un fameux joueur ce samedi, en la personne de Cristian Garin.
A 28 ans, ce dernier n’est certes plus « que » 133e mondial mais il a été 17ème (en 2021) et vient de se qualifier pour le tableau final de l’Australian Open où il a pris la mesure de Borna Coric avant de s’incliner sèchement face à Taylor Fritz.
Qui plus est, si Jarry est grippé, Sander Gille n’est pas non plus à 100%.
Bref, donc, s’il faut se montrer confiant, il faut avant tout garder la tête sur les épaules et ne se concentrer que que sa routine personnelle, sans tirer de plan sur la comète.
Chaque joueur belge peut gagner son simple, c’est une évidence.
Mais chaque joueur chilien aussi, même si l’évidence parait moins claire pour Barrios face à Bergs. Le Chilien jouera cependant sans pression.
Pronostic?
Un week-end tendu.