La présence de David Goffin à Hasselt peut paraître normale, voire logique. D’aucuns diraient même que c’est un minimum pour un joueur belge qui a bénéficié du soutien de sa fédération.
Pourtant, si l’on accepte de prendre un peu de recul et que l’on n’oublie pas que David (et ses collègues dont le capitaine actuel) ont déjà mené deux fois la Belgique en finale de la Vieille Dame (blessée), on doit reconnaître que le premier joueur belge n’a strictement rien à gagner en venant défier (le mot est fort) l’équipe d’Ouzbékistan.
En réalité, il a même beaucoup à perdre.
Comme je le dis depuis quelques semaines en boutade à mes collègues et amis journalistes: « cette rencontre de Coupe Davis risque de n’avoir un intérêt médiatique que si la Belgique perd le match ou que David perd un de ses simples.«
Permettez-moi de dresser le contexte.
- Depuis Wimbledon, David a perdu contre quatre joueurs étant classés au-delà de la 150eme position mondiale: Vitaliy Sachko ATP 187 à Vérone, Nerman Fatic ATP 218 à San Marino, Leandro Riedi ATP 163 à Winnipeg, Dennis Novak ATP 187 au premier tour des qualifs de l’US Open.
- Il a ressenti une douleur au genou juste avant sa participation à l’US Open.
- Les joueurs d’Ouzbékistan sont TOUS classés au-delà de la 400eme place mondiale et, outre Denis Istomin, capitaine joueur, ils sont inconnus au bataillon.
- Sur papier, même sans David Goffin, la Belgique serait favorite, avec des joueurs en forme (De Loore et Coppejans) et une équipe de double qui a été en finale d’un Grand Chelem.
Malgré cela, Goffin a accepté sa sélection.
Il n’a, pourtant, je le répète, rien à gagner et, même, tout à perdre.
Si la Belgique gagne 5-0, tout le monde dira en effet – et c’est assez logique – que c’était le minimum.
Si la Belgique gagne sur un score plus étriqué avec, par exemple, une défaite en simple de David, on dira que la Belgique a eu chaud et que, je cite « David Goffin est vraiment nulle part pour l’instant« .
Si la Belgique perd – ce que je n’imagine pas -, je vous laisse deviner les diatribes qui s’abattront sur l’équipe, sur le capitaine et, bien entendu, sur l’ex 7ème mondial.
On pourrait évidemment rétorquer que s’il veut aller aux Jeux Olympiques de Paris, Goffin doit prendre part à cette rencontre. Ce n’est pas exact. Les règles pour être éligible pour les JO – outre le classement -, disent qu’un joueur doit prendre part deux fois à la Coupe Davis pendant l’Olympiade dont une fois au moins en 2023 ou 2024. Donc, David pouvait sans aucun problème faire l’impasse.
On pourrait aussi dire que Goffin a besoin de la Coupe Davis pour se relancer. Ce n’est pas tout à fait faux car on sait qu’il puise dans l’esprit d’équipe une envie qui semble de temps en temps lui faire défaut. Mais ce n’est pas tout à fait exact non plus car la Coupe Davis peut, aussi, avoir un impact négatif comme par exemple en Corée du Sud en début d’année.
Peu importe toutes ces considérations.
Je maitiens que la présence de David Goffin à Hasselt démontre à quel point ce joueur – pour parfois énigmatique qu’il puisse paraître – continue à démontrer son amour pour l’esprit d’équipe.
Quel plus beau message pouvait-il faire à Mister Coupe Davis, son copain de vestiaire devenu capitaine?