Jo, je dois te le dire.
Ou plutôt te l’écrire car je n’ai pas pu trouver les mots ce dimanche lors de ta conférence de presse dans la zone mixte.
Jo, je dois te le dire : j’avais envie de te prendre dans mes bras et te consoler.
Je n’ai pas pu le faire pour différentes raisons. D’une part, il y avait une barrière (réelle) entre nous, d’autre part, le port du masque était recommandé par le médecin de la délégation et te serrer dans mes bras aurait pu sembler être une provocation. Enfin, nous ne sommes pas assez proches pour que je me sois permis une telle démonstration.
Cette accolade, Jo, n’aurait évidemment pas eu la même force que celle (celles) que tu as eue (s) avec Marc. Parmi toutes celle que tu as partagées, il y a évidemment celles de Rio quand vos larmes se sont mélangées. Dieu sait pourtant qu’en Ardennais qu’il était, il n’aimait pas trop se livrer. Mais, là, c’en était trop et vous étiez fusionnels au terme de ce match pour la médaille de bronze.
Dimanche, Jo, ton regard était si triste. Tes propos tellement déchirants d’honnêteté et de frustration.
Tes mots tellement durs avec toi-même. Surtout ceux-ci : « je ne suis pas déçu, je ne suis pas fâché, je suis défait. Tout était réuni pour que je profite de mes derniers Jeux, tout était là pour que je prenne du plaisir. Et, malgré mon expérience, je n’ai pas eu une seconde de plaisir. Cela m’a poursuivi tout au long de ma carrière, je n’ai jamais su utiliser mon expérience. »
STOP Jo.
Stop !
Ce n’est pas vrai.
Si c’était vrai tu n’aurais pas un palmarès aussi monstrueux.
Que je prends plaisir (oui, moi, je veux y arriver :-) à rappeler :
Une médaille olympique
Deux Grand Chelem en simple
Quatre Grand Chelem en double
Quatre Masters en simple
Un Masters en double
Une place de numéro 1 mondial en simple
Une place de numéro 3 en double
37 titres en simple
31 titres en double
Non, Jo, on n’écrit pas les plus belles pages du tennis paralympique belge si, comme tu le crois, on est incapable de gérer la pression.
Oh, je ne vais pas mentir : évidemment que ta gestion du stress n’était pas ta qualité première mais tu la compenses avec toutes tes autres compétences.
Et donc, oui, Jo, dimanche, quand tu m’as regardé à la fin de la conférence de presse et que tu m’as demandé « tu as d’autres questions pour moi ? »
Au lieu de répondre : « non Jo, j’ai ce qu’il faut », j’aurais dû te dire tout ce que je viens d’écrire.
Et j’aurais dû ajouter « je suis fier de toi, Jo. Et tu dois être fier de toi, aussi. »
Alors, Joachim, cette fois, vraiment, fais toi plaisir, prends ton pied (oui je sais c’est un mauvais jeu de mots mais tout le monde dit que le monde du paralympisme aime ceux-là) et profite de tes journées à Paris.
Si tu n’as pas pris de plaisir sur ce fabuleux Court 14 de Roland Garros, va en prendre partout ailleurs, en suivant tes amis athlètes.
Bonnes fins de JO Jo.
Bonne fin de carrière.
A très vite.