Un roman ne suffirait à pas à évoquer les années Washer et Brichant.
Philippe Washer et Jacky Brichant, sans en faire de trop et tout étant relatif, sont à la Belgique des années 50, ce que Connors et McEnroe sont aux Etats-Unis des années 70-80.
Comparaison n’est pas raison car le tennis des fifties n’a rien à voir avec celui des 70’s et encore moins des 80’s, mais autant Jimbo et Big Mac étaient des vedettes mondiales, autant Wahser et Brichant étaient de véritables stars dans le monde du tennis belge et européen.
Multiple champion de Belgique en simple, Washer a aussi été en quart à Roland Garros, en 8ème à Wimbledon et gagné plusieurs tournois internationaux.
Plus souvent sur le circuit que son comparse, Jacky Brichant a remporté le juniors de Roland Garros (1947) et a été en demi-finale de ces mêmes internationaux de France (1958) et trois fois en quart. Il était également un excellent joueur de basket et fit partie de la cultissime équipe du Royal 4.
Si le classement mondial avait existé, Jacky Brichant aurait certainement intégré le Top 10 ou 20.
Philippe Washer en avait le talent mais peut-être n’aurait-il pas joué assez de tournois pour y parvenir.
Impossible, ici, de se montrer exhaustif au sujet de la carrière de ces deux fabuleux champions. Qui ont donc emmené par deux fois la Belgique en finale interzonale, soit le match qui mettait aux prises le vainqueur de la zone Amérique et le lauréat de la zone Europe.
C’était en 53 et en 57.
Voici ce que l’on pouvait lire dans L’organe officiel de la fédération quelques jours après la victoire face à l’Italie de Pietrangelo et Merlo (rien que cela !) en finale européenne de 57. :
« Nous avons vécu au Léopold Club, devant une foule énorme, quatre journées de luttes sensationnelles au cours desquelles aucune émotion ne nous fut épargnée. Le succès de nos compatriotes a eu un retentissement plus grand encore que celui qu’ils obtinrent en 1953 à Copenhague. … Ce succès a été vécu non seulement par les 7500 personnes qui se retrouvèrent à quatre reprises au stade Paul de Borman, mais aussi par des milliers de supporters occasionnels qui écoutèrent les reportages à la radio (ndlr : Luc Varenne a fait vivre dit-on ces matches de manière époustouflante) ou suivirent le déroulement des parties à la télévision. »
Le célèbre hebdomadaire « Pourquoi Pas ? » n’était pas en reste, lisez plutôt : « Depuis lundi dernier, à quinze heures vingt-quatre exactement, notre prestige national a monté d’un cran. Nous nous sentons revigorés, rajeunis, victorieux. Nous, avons battu l’Italie, en finale européenne de la Coupe Davis. Nous, bien sûr, c’est essentiellement Philippe Washer et Jacky Brichant . Mais c’est aussi – et le voilà bien le phénomène ahurissant – c’est tout le pays qui a vécu le match, qui y a participé, qui a joué balle par balle sur le court central du Léo.
…
Un autre événement sportif a-t-il réussi précédemment à plonger le pays dans des transes pareilles ?….. On a bien l’impression que jamais l’ensemble des citoyens du royaume n’a marché pour un événement du sport comme il vient de marcher… à la cadence de Washer et de Brichant…
… La Belgique a gagné la zone européenne de la Coupe Davis. Et nos deux mousquetaires de la raquette ont atteint un degré de popularité tel qu’il n’y a que le petit doigt à lever pour fonder, comme au football, mieux qu’au football, un puissant « Supporter’s Club Washer Brichant »
Rien qu’à lire ces lignes on comprend ce qu’ont représenté Washer et Brichant.
Les poils se dressent et le corps frissonne.
Pour suivre: les années Hombergen – Mignot