En quelques jours, les compétitions internationales par équipes que sont la Billie Jean King Cup et la Coupe Davis se sont rappelées au bon souvenir des amateurs belges de tennis.
Au niveau de la BJKC, ce serait mentir de ne pas écrire que la sélection de Wim Fissette pour le match d’avril USA – Belgique peut laisser pantois.
Si l’absence de Yanina Wickmayer semble logique, celles de Greet Minnen et, plus encore, d’Elise Mertens, sont plus décevantes.
Les trois cas sont évidemment très différents. A 34 ans, la maman Yanina Wickmayer peine à entrer dans la saison 2024 alors qu’elle avait très bien joué en 2023. Elle a certes gagné son premier match en qualifs à Miami mais sa défection pour ce voyage à Orlando n’a rien de surprenant, ni de critiquable.
Plus jeune de 8 ans, on aurait pu penser que Greet Minnen accepte, elle, sa sélection, même s’il est vrai que le début de sa saison ne correspond pas, pour elle non plus, à ce qu’elle espérait.
Mais, je l’ai dit, la défection la plus frustrante est évidemment celle d’Elise Mertens. La lauréate de l’Autralian Open et du tournoi d’Indian Wells en double devait en effet impérativement aller aux USA si elle voulait être éligible pour les Jeux Olympiques. Hélas! malgré ce …détail (!!!), la première joueuse belge ne sera pas du voyage.
« Elise est parfaitement consciente que le fait de ne pas aller à Orlando l’empêchera d’aller à Paris, a dit en substances son manager. »
Comment expliquer une telle décision?
Il est toujours très difficile de se mettre à la place d’un joueur ou d’une joueuse. D’autant plus avec Elise qui est une athlète incroyable mais dont on sait finalement assez peu de choses tant elle ne se livre que très peu en interviews (euphémisme ;-).
Si on fait abstraction des JO, on peut éventuellement comprendre que le déplacement à Orlando soit peu « rentable » pour une joueuse qui cherche à marquer les esprits en double. Les chances belges – même avec elle sur place – sont proches de zéro et, donc, Elise, comme David Goffin l’a déjà fait plusieurs fois, a le droit de privilégier sa propre carrière même si cela peut frustrer, décevoir, voire énerver.
Mais si on ne fait pas abstraction de ces JO de Paris, la compréhension est plus compliquée. Elise pouvait en effet jouer dans trois tableaux à Paris: le simple, bien entendu, le double dames (avec une joueuse belge de son choix classée au minimum WTA 299) et le double mixte (avec Joran Vliegen ou Sander Gille).
Dans deux de ces trois tableaux, ses chances de médaille étaient réelles, surtout en double mixte car le tableau est assez petit et parce que, aussi, il y a peu d’équipes « nationales » qui jouent régulièrement ensemble (et pour cause, puisqu’il y a peu de rendez-vous pour les mixtes).
Mais, donc, malgré cela, Elise a dit non.
Ce qui démontre à tout le moins que, pour certains tennismen et tenniswomen, les Grand Chelem constituent un graal plus important qu’une médaille olympique. On sait ainsi qu’Elise veut absolument gagner Roland Garros en double dames, le seul Grand Chelem qui manque à son magnifique palmarès (elle a aussi gagné le Masters).
Reste que, dans quelques années, je suis quasi certain qu’il y aura une réflexion différente chez Elise. Si on prend l’exemple de Dominique Monami, il n’est pas faux d’écrire que sa médaille de bronze en double dames à Sydney (avec Els Callens) continue à faire davantage rêver ses interlocuteurs que les résultats (pourtant excellents) qu’elle a obtenus tout au long de sa carrière. En dehors du monde du tennis, et pour les générations qui n’ont pas vécu les exploits des athlètes, une médaille olympique aura toujours plus de poids qu’un titre en double ou un classement dans le Top 20 ou 10.
Mais, à toute… médaille, il y a un bon côté. On se réjouira ainsi de voir Sofia Costoulas, Hanne Vandewinkel, Marie Benoît et Kimberley Zimmermann démontrer que si, effectivement, elles ne gagneront sans doute pas à Orlando, elles auront à coeur de prouver que l’on peut compter sur elles en toutes circonstances. Ce sera intéressant, aussi, de voir comment se comportera Hanne Vandewinkel, une joueuse dont on parle moins que de Sofia mais qui vient d’entrer dans le Top 300.
Optimisme bolognais
Pour la Coupe Davis, les nouvelles sont plutôt bonnes. Le tirage au sort effectué mardi à Londres a en effet placé la Belgique dans un groupe plus qu’intéressant: Italie, Pays-Bas, Brésil et Belgique.
Les matches se tiendront en septembre à Bologne, une destination tout à fait accessible de Belgique (et pas trop onéreuse).
Comme le disait Steve Darcis, ce tirage a plusieurs mérites.
Un, il est médiatiquement très vendeur. Jouer l’Italie de Jannik Sinner en Italie n’est pas rien. Rencontrer nos voisins bataves n’est pas mal non plus. Qui plus est, même si ce sera évidemment très compliqué, il y a une possibilité que la Belgique termine deuxième de son groupe (les deux premiers sont qualifiés pour la phase finale).
Il est sans doute un peu tôt pour évoquer les forces qui seront en présence (il y a trois Grand Chelem et les JO entre aujourd’hui et ce Finals Group Stage) mais voici les meilleurs joueurs de chacune des nations que l’on va rencontrer.
Italie: Sinner (3), Musetti (24), Arnaldi (38), Sonego (53)… Il y aussi, en double, deux Top 50: Vavassori et Bolelli.
Pays-Bas: Griekspoor (26), Van De Zandschulp (77), De Jong (151). En double, ils ont Koolhoh (4) et Rojer (17).
Brésil: Seyboth (76), Monteiro (110), Meligeni (134). En double: Matos (43) et Melo (51).
Sur papier, si l’on regarde uniquement les classements, ces trois équipes sont plus fortes que la Belge. Mais si les Italiens paraissent intouchables, les Néerlandais et les Brésiliens ne le sont pas.
D’une part, il faut que tous les joueurs répondent présents, et d’autre part, on sait que les Belges se surpassent en Coupe Davis (voir par exemple la dernière rencontre face à la Croatie).
Evidemment, pour espérer que l’équipe belge se qualifie, il faurait que tous les joueurs sélectionnés répondent présents.
Et, là, on en revient aux choix individuels.
Quelle sera, par exemple, la situation de David Goffin en septembre? On sait que l’objectif principal de David est de se qualifier pour les JO. Il en est encore loin mais il devrait rentrer dans le Top 100 après Miami.
Zizou Bergs sera-t-il Top 100?
Kimmer Coppejans sera-t-il revenu après son opération?
Quel aura été la progression d’Alexander Blockx?
Où se situera Joris De Loore?
Comment Joran Vliegen et Sander Gille auront traversé un été très chargé?
Des questions auxquelles il est impossible de répondre aujourd’hui mais, assez curieusement, je suis optimiste.
Certains diront sans doute naïf.
Je préfère parler d’optimisme :-)