Retour

Bilan 2023 (4): Greet, Yanina et Joris réalisent un retour fabuleux

Vous me connaissez, je ne suis pas de ceux qui se lancent facilement dans les éloges et j’essaie le plus souvent de prendre du recul.

Mais, dans le cas de Greet Minnen, Yanina Wickmayer et Joris De Loore, je ne parviens pas à ne pas tarir d’éloges tant leur saison 2023 a été marquée par un retour remarquable. Les deux joueuses sont revenues dans le Top 100 qu’elles avaient quitté pour des raisons diverses. Le joueur a quant à lui terminé l’année à la 145e position mondiale et la troisième belge.

Je commence par Greet qui a été forcée, en octobre 2022 de quitter le circuit ne raison d’une blessure au dos. Voici ce qu’elle annonçait quelques jours après sa défaite initiale à l’US Open.

« Je souffre dans le bas du dos depuis mon dernier match il y a deux semaines aux Etats-Unis. Je suis rentrée en Belgique pour passer des examens et il y a une inflammation de la vertèbre. Je dois avoir une injection de cortisone demain et je serai indisponible jusqu’à la fin de la saison. Je vais commencer ma revalidation aussi vite que possible. Du point de vue de la santé, l’année a été compliquée. Je n’ai pas pu jouer comme je voulais, mais je sais que des jours meilleurs vont venir. Je vais profiter de ce contretemps pour revenir plus forte en 2023.« 

Greet ne pensait sans doute pas que ses paroles seraient prémonitoires.

Classée 223 lors de son retour à Canberra, elle clôture la saison à une très belle 60e position, non sans être passée par le meilleur classement de sa carrière (59) en octobre.

Je poursuis avec Yanina et Joris auxquels j’ai consacré une « ode » ici même au début du mois d’août. Une « ode qui tient plus encore la route en cette fin d’année et que je republie ici, légèrement modifiée:

Je connais Yanina depuis longtemps et j’ai toujours éprouvé énormément de sympathie et de respect pour cette joueuse. Ceux qui me lisent depuis longtemps se rappelleront sans doute que je n’ai pas toujours été tendre avec elle et ils auront raison. En réalité, elle m’énervait et, comme souvent, on se montre parfois plus dur avec des joueurs pour lesquels on a une affection certaine.

En fait, je l’apprécie tellement qu’il est vrai que je me suis montré parfois très dur. Surtout lors de sa première carrière quand elle changeait un peu trop souvent de coach et, surtout, quand elle refusait de changer de tactique quand les choses n’allaient pas bien.

Pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, Yanina est tout à fait capable de jouer autrement qu’en force et son jeu est plus complet qu’il n’y paraît parfois. Ses succès en double témoignent d’ailleurs de sa capacité à jouer autrement qu’en puissance.

J’ai aussi toujours été impressionné par le physique de Yanina qui, à mes yeux, est l’une des réelles athlètes du circuit. Son statut de maman n’y a d’ailleurs rien changé.

Cela étant, je dois à l’honnêteté de dire aujourd’hui que je ne croyais pas du tout à son retour.

J’avais en effet peur qu’elle ne revienne pas pour les bonnes raisons (comme Kim Clijsters à son deuxième retour ou Justine Henin à son premier). Je craignais aussi qu’elle se lasse assez vite du circuit et que sa fille lui manque.

C’est dire que quand elle a repris les compétitions en février 2022, j’étais particulièrement dubitatif.

Je le suis resté quelques mois, malgré de relatifs bons résultats en 25.000, comme sa finale à Kiryat en mai ou sa qualification à Wimbledon.

De semaine en semaine, elle n’a pourtant cessé de progresser et le fait de jouer simple et double lui a été tout à fait bénéfique avec un premier titre en tant que maman lors du tournoi de Séoul en septembre 22 aux côtés de Kristina Mladenovic.

Reste que, fin 2022, début 2023, mes doutes étaient toujours bien présents. 323e mondiale, Yanina ne me donnait pas l’impression de pouvoir y arriver.

Je me trompais.

Depuis le début de la saison, Yanina n’a eu de cesse de me surprendre en enchaînant les bons résultats.

A Roland Garros, je me souviens être à coté d’elle à sa sortie du terrain qui l’avait vue perdre au deuxième tour des qualifs. Toujours très digne, très droite, elle a répondu aux questions sans sourciller. Elle était déçue mais il émanait d’elle une force tranquille qui, je dois bien le dire, m’a impressionné.

Dieu sait pourtant que j’ai croisé pas mal de joueuses et de joueurs mais, ce jour-là, déjà, j’avais eu envie d’écrire tout le bien que je pensais d’elle.

Je le fais aujourd’hui et je dis très sincèrement à Yanina que ce retour dans le Top 100 est, à mes yeux, une performance de haut vol. A 33 ans, Wickmayer démontre, comme d’autres avant elles mais elles ne sont pas si nombreuses, que la maternité n’empêche pas le sport de haut niveau.

Elle démontre aussi être capable de poursuivre un objectif et de tout faire pour y arriver. Son rêve, on le sait, est d’aller aux Jeux de Paris. Vu sa progression actuelle tant en simple qu’en double, elle peut très réellement y croire.

J’irai même plus loin: elle le mérite.

Un seul commentaire, en fait, pour Yanina qui a conclu la saison à la 71e place: Chapeau bas, Madame!

Je connais aussi Joris depuis très longtemps et je me souviens avoir été assister à un camp d’entraînement en Espagne avec lui (et tant d’autres).

Comme Yanina, Joris est un véritable athlète. Hélas!, il a été marqué par les blessures et n’a pas pu jouer aussi souvent qu’il ne l’aurait désiré. Il a même été absent du circuit de novembre 2018 à juillet 2021!

Comme Yanina, il a cru en son talent. Il a cru en ses capacités. Et il s’est remis à l’ouvrage. Et, comme Yanina, il a recommencé dans les tournois ITF, de 25.000 dollars.

En août 2021, il pointait à la 1855e place mondiale.

Deux ans plus tard, jour pour jour, il était 164e mondial en août 2023, ce qui était alors son meilleur classement! A 30 ans.

Il a alors poursuivi sur sa lancée puisqu’il a atteint son meilleur classement (142) en novembre dernier, ce qui lui ouvre de très belles perspectives pour 2024.

Greet, Yanina et Joris sont des exemples à suivre.