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Serena, Juliette, Lara, Jef

Quatre prénoms.

Quatre prénoms qui n’ont sans doute que peu de rapports entre eux, si ce n’est le sport qu’ils pratiquent, le tennis, ainsi que le fait que, tous les quatre, ils ont annoncé il y a peu qu’ils mettaient fin à leur carrière.

Des carrières bien différentes, évidemment, mais une carrière ne se juge pas uniquement aux titres acquis. Car, pour quelques élus, le  sport en général et le tennis en particulier, attise les passions de milliers de moins connus, voire même d’inconnus.

Parmi les élues – mais Dieu sait qu’elle a forgé son élection – il y a bien évidemment Serena.

Serena Williams. Ne comptez pas sur moi pour dire quelle est la GOAT du tennis féminin ni, comme je l’ai lu, la plus grande sportive de tous les temps.

Je vous ai assez dit que je ne supportais pas que l’on compare les époques, et encore moins  les sports. Chaque discipline est différente, chaque période est différente.

Mais, oui, évidemment, Serena, encore plus que sa sœur Venus, a marqué l’histoire de ce sport magnifique. Elle l’a marqué à différents niveaux, sur lesquels je reviendrai quand elle aura vraiment arrêté. Je déteste faire un éloge alors même que la championne, la joueuse, la femme est toujours en exercice.

Serena jouera encore l’US Open et arrêtera sans doute après. Je trouverais cavalier de, déjà, lui rendre hommage. Je veux en en effet voir son regard lorsqu’elle aura frappé sa dernière balle sur le terrain mythique qu’elle adore à New York avant de m’embarquer dans un texte qui, à titre personnel, me coûtera beaucoup car j’ai depuis les années 90 une passion et une affection réelles pour la fratrie Williams.

Et puisque j’évoque une fratrie, je passe à Juliette, la cadette des Bovy joueurs de tennis. Deux ans après l’annonce de fin de carrière de sa grande sœur Margaux, la juniore Juliette a annoncé qu’elle allait privilégier les études supérieures et qu’elle n’allait donc pas tenter d’embrasser une carrière internationale. Des trois Bovy, il reste donc Arnaud qui poursuit son rêve de briller au sommet du tennis mondial. Un rêve parsemé d’embûches et de frustrations tant le tennis est un sport sans concession.

Juliette, dont le meilleur classement ITF a été 118 mondiale (ce qui peut sembler anodin mais être la 118e mondiale dans un sport aussi prisé que le tennis est tout bonnement sensationnel même si à ce niveau, il n’y a ni argent ni honneur), Juliette donc, a pris une décision qui n’est jamais facile à prendre car on sait la passion qui anime la famille Bovy.

Son départ me chagrine autant que celui de sa sœur, autant que celui de Serena. Pas parce que je pense qu’elle a pris la mauvaise décision (qui pourrait se le permettre ?) mais bien parce que le tennis demeure, pour moi, une école de vie dans laquelle j’ai toujours retrouvé les valeurs que je respecte et que j’essaye de suivre.

Et s’il y a bien une famille que j’ai toujours appréciée tant son amour du sport est énorme, c’est bien celle des Bovy, papa, maman et enfants. Bon vent, donc, Juliette, que l’on verra encore dans les tournois nationaux.

(A noter que Shannon Bovy qui joue à Duffel ne fait pas partie de la famille)

Lara.

Lara Salden, elle, elle a tenté sa chance. Mais, comme Juliette et alors qu’elle venait de remporter le double à Coxyde, elle a également annoncé dans un message très émouvant, qu’elle rangeait sa raquette.

« Je remercie le tennis pour tout ce qu’il m’a apporté, a-t-elle écrit en substances. Il m’a permis de transformer la jeune fille pleine de rêves que j’étais en forte femme avec expérience. Mais, aujourd’hui, je dois donner la priorité à ma santé mentale. »

A 23 ans, Lara tourne donc la page, elle qui a été 246ème, a compris que ce sport, je le répète, ne fait pas de concession. Pourtant, en foot ou en basket, être 246ème mondiale ouvrirait la porte à l’une des meilleures équipes de la planète. En tennis, faire partie du Top 250 vous permet juste – et encore ! – de payer une partie de vos frais.

Pour donner une idée, Lara, sur sa carrière, a gagné un peu plus de 120.000 dollars. Desquels il faut évidemment décompter les frais énormes que génère la vie sur le circuit. 120.000 dollars c’est, à quelques milliers près, ce que toucheront les perdants du deuxième tour de l’US Open dans quelques jours….

Son arrêt me chagrine lui aussi, d’autant que j’ai eu le grand plaisir de passer une dizaine de jours avec elle et d’autres joueurs lors d’un camp d’entraînement Hope @ Spirit à Abu Dhabi. Bon vent, Lara, vraiment.

Que dire, alors, de Jef Van Dorpe ? L’un des plus grands espoirs mondiaux du tennis en chaise qui, lui aussi, a pris la décision de mettre un terme à sa carrière. Car si le tennis est un sport sans concession, le tennis en chaise est encore plus compliqué. Ceux qui ont eu la chance de se rendre à Géronsart ou ceux qui vont chaque année au Ath Open (qui commence demain) savent que cette discipline est humainement extarordinaire et que les champions qui la pratiquent le sont tout autant.

« J’ai décidé de stopper car ma motivation n’est plus la même. Je trouvais plus honnête envers moi-même et ceux qui me supportent de prendre cette décision. Mais je continuerai de soutenir le tennis en chaises et son développement

Jef arrête  et cela me chagrine aussi car s’il était un champion hors norme, c’est aussi un jeune homme passionnant.

Serena, Juliette, Lara et Jef.

Quatre prénoms qui comptent. Quatre prénoms qui comptent car ils sont les témoins de ce que peut réserver le tennis.

La gloire, certes.

Rarement.

L’argent, sans doute.

Parfois.

Mais la passion, parfois déçue, parfois frustrée.

Mais présente.

Toujours.